Un délire pas comme les autres
Un délire pas comme les autres
Comme pour le 19 juin, il y a aussi le 15 mars, jour de naissance de ma défunte mère. Comme avec mon père, j'établi un dialogue avec elle. Je sais que ce n'est pas normal mais que faire d’autre quand je me retrouve isolé dans une chambre, comme un chien, coupé de tout contact, de tout lien de son et de sang. Cette pièce où je passe le plus clair de mon temps ou les plus sombres moments de ma vie, cette niche est devenue l’antichambre de la mort.
Dans ce monde où je me trouve, je suis plus proche des morts que des vivants. Ces délires ont été positifs et m'ont ramené du réconfort. Cela m'a permis de ne pas couper racine avec mes origines. On peut couper le son mais pas le sang.
La Paix dans les étoiles
Je regarde vers le ciel et je les vois comme des étoiles. Ces moments là me ramènent la Paix et me font oublier ce que je vis. Les premiers temps, je voyais mon père comme un croissant lunaire et ma mère comme une étoile à l'intérieur de ce Croissant,. C'est le croissant étoile emblèmatique du drapeau algérien.
Cette fois-ci, je les vois comme des étoiles qui m'ont guidé dans mon parcours. Mon père est représenté par l'étoile du Sud et ma mère par l'étoile du Nord. Elle m'a suivi jusqu'ici parce qu'une mère n'abandonne pas ses enfants parce que le Canada est devenu ma deuxième patrie et ma mère symbolise la mère Patrie.
Dans ce monde bipolaire, les deux étoiles, du Sud et du Nord, sont devenues mon repère. Mon père est au Sud, il brille sur l'Algérie. Quand je me retourne et je regarde dans sa direction, il me fait un clin d’œil et de son pouce vert, il me fait signe qu’en Algérie, tout va bien, je n’ai pas à m’inquièter. Ton père, Si Brahim le vert, veille à ce que l’Algérie ne sombre pas dans une Syrie de malheurs. Ne t’en fais pas, l’Algérie est entre de bonnes mains. Tel est le message de mon défunt père.
Quant à ma mère qui est au Nord, elle brille plus que toutes les autres étoiles. C'est la Star des stars, la Star des étoiles. Son brillant sourire me donne du courage et de l'espoir, elle a l’air de me dire qu’elle est venue pour ne plus me quitter. Sa Patrie ne m’a pas quitté puisqu’elle fait partie de ma vie. Ce n’est pas le service consulaire qui va prouver le contraire.
Entre ces deux étoiles, il y a une immense banderole où il est écrit "Bienvenue au Canada" C'est ce qui me pousse à dire que le Canada est devenu mon Destin.
Dans ces délires, je suis arrivé à établir un lien entre le passé et l'avenir, entre mon pays d'accueil et mon pays d'origine. Il y a eu une suite, une évolution et non pas un remplacement. Je n'ai pas changé mon pays d'origine par mon pays d'accueil. Je me suis enrichi. Comme tous les algériens qui sont ici, j'ai droit à la double citoyenneté pourquoi on me bloque la route?
On ne choisit pas sa mère, je n'ai pas choisi son pays. Je suis fier de ma mère, je suis fier de l'Algérie. C’est mon pays qui m’a permis d’immigrer légalement au Canada et ma Mère-Patrie m’a suivi jusqu'ici. Ce pays est devenu ma deuxième patrie et je ne dois pas la décevoir. Je dois réussir et j’ai réussi ce voyage. Je ne suis plus malchanceux, j’ai de la veine, je ne vais pas me la couper ou laisser le soin à quelqu’un d’autre de le faire. Un type chanceux ne peut pas se suicider.
Ce délire que j'ai engagé, c'est pour les donneurs de leçons, ceux qui parlent de nationalisme et de patriotisme. Ils doivent couper plutot leur son. Ils me cassent les oreilles avec leurs fausses valeurs et me fendent leur coeur avec leur hypocrisie à quatre sous. Ces gens-là ne pensent qu’à leurs intérêts, à se remplir les poches.
L’Algérie n’est pas une passoire. L’Algérie ne jette pas ses enfants, l'Algérie n'abandonne pas ses enfants, l'Algérie ne trahit pas ses enfants. Ce sont ces algériens du passé qui ont voulu falsifier mon histoire pour détourner l'attention. J'ai de la chance puisque ces deux dates de naissance sont très proches à des dates historiques.
Pour le 15 mars, c'est le 19 mars 1962, jour du cessez le feu. Dans l'histoire d'Algérie, l'OAS conduite par le général Salan n'a pas voulu déposer les armes.
Pour le 19 juin, il y a ce 05 juillet 1962, jour d'indépendance de mon pays et ce 05 juillet 2013 sera mon jour d'indépendance face à ces superalgériens qui m'ont suivi jusqu'ici.
L'Histoire va se réécrire avec le sang de mes parents. J'ai toujours dit que mon affaire est strictement personnelle mais il y a des gens qui l'ont politisée.
Ce texte a été écrit entre le 1er et le 05 juillet et mis à jour le 03-08-2013
Dernière mise à jour le 17-02-2014