Hockey sur glace féminin

Hockey sur glace féminin

Malgré la grandeur du moment, malgré le fait qu’elle est à peine sortie de l’adolescence, Marie-Philip Poulin gardait la tête bien froide après la victoire de 3-2 des Canadiennes sur les Américaines en finale olympique, jeudi.

Pas qu’elle n’était pas ravie, au contraire. Son sourire était large comme la patinoire olympique. Mais à chaque question, l’héroïne de ce tournoi a utilisé son ricochet, pour citer Yvan Ponton, et a retourné les compliments vers ses coéquipières.

«C’est vraiment incroyable. Je ne peux pas croire encore que ça s’est passé, a raconté la joueuse de 22 ans, auteure du but égalisateur et de la victoire. On perdait 2-0 avec cinq minutes à jouer, on a gardé notre calme et on est revenues. C’était un travail d’équipe, chacun a fait son travail. C’est incroyable.»

Interrogée sur la sensation de marquer le but en or, encore là, Poulin a fait la passe à ses coéquipières.

«C’est le résultat du fait que les filles n’ont jamais abandonné. Ça a adonné que j’ai marqué, mais c’est le résultat des jeux que les autres filles ont faits.»

Kevin Dineen, lui, ne s’est pas fait prier pour vanter la Québécoise. Et visiblement, l’entraîneur-chef a fait ses devoirs sur l’histoire récente de son équipe.

«J’adore sa façon de jouer. Il y a quelque chose avec elle… elle ne parle pas beaucoup, mais quand je capte son regard, je sens que c’est une joueuse pour les grands matchs. Elle l’a montré à Vancouver et l’a affirmé encore ce soir.»

Dineen fait ici référence à la performance de deux buts en finale face à ces mêmes Américaines, voilà quatre ans, dans un gain de 2-0. Quatre buts en deux finales olympiques… pas mal!

Son exploit lui a d’ailleurs valu un appel du premier ministre du Canada, Stephen Harper, qui s’est aussi entretenu avec la capitaine de l’équipe, Caroline Ouellette.

Longue accolade

Après les poignées de main d’usage à l’adversaire, Kevin Dineen s’est lentement dirigé vers ses joueuses. Une des premières qu’il a empoignées était Hayley Wickenheiser, la pierre d’assise de l’équipe depuis les Jeux de Nagano en 1998.

Malgré son statut de quadruple médaillée, de deuxième doyenne de l’équipe, Wickenheiser, rappelons-le, n’avait pas été nommée capitaine. On lui a plutôt donné le « A », tandis qu’on donnait le « C » à Caroline Ouellette. « Ça lui avait fait mal », a rappelé Dineen.

«J’étais heureuse pour lui, a dit Wickenheiser. Il est arrivé dans une période difficile, il a fait ce qu’il avait à faire pour placer l’équipe dans la bonne direction et il a simplement fait son travail d’entraîneur. Son expérience nous a été précieuse.»

«Au bout du compte, si tu es transparent et que tu le fais au nom de ce qui est le mieux pour l’équipe, ça ne rend pas la décision plus facile, mais quelqu’un comme elle va comprendre et c’est ce qui fait d’elle une joueuse spéciale», a ajouté Dineen.

Le poteau providentiel

Cette fin de soirée complètement folle aurait été impensable sans un peu de chance.

Fin de troisième période, 95 secondes à écouler au match, les États-Unis en avance 2-1. L’Américaine Kelli Stack tente un dégagement. La rondelle glisse lentement vers le filet canadien, déserté à la faveur d’une sixième patineuse. Le Bolchoï en entier – majoritairement canadien pour ce match - retient son souffle. La rondelle termine sa longue trajectoire sur le poteau droit.

Quelques secondes plus tard, Poulin nivelle la marque.

«Je n'en croyais pas mes yeux, a lancé la Québécoise Lauriane Rougeau, qui a assisté à la scène depuis le banc. Je me suis dit que c'était un signe du ciel qu'on gagnerait.»

«C’est une question de pouces, a expliqué une Stack relativement posée, malgré les événements. Je n’y ai pas pensé sur le coup, car on menait encore par un. Mais quand la sirène a sonné et que c’était 2-2, je me suis dit que si la rondelle passait un pouce à droite, on aurait la médaille d’or en ce moment.»

Et l’arbitrage

La finale a toutefois été assombrie par des questions d’arbitrage. Les trois punitions décernées en 1:22 en prolongation n’ont pas exactement fait l’unanimité, entre autres reproches entendus.

« C’est dommage, les arbitres n’ont pratiquement pas laissé les joueuses jouer en prolongation. Il aurait fallu nous laisser aller à 4 contre 4 », a estimé Stack.

« Pas de commentaire », a ajouté l’entraîneuse américaine, Katey Stone, lorsqu’interrogée sur l’arbitrage.

Un collègue a ensuite questionné les deux entraîneurs sur le niveau d’arbitrage dans des matchs d’une telle importance. Stone a alors livré une réponse digne d’une politicienne d’expérience.

« Notre sport grandit, la vitesse du jeu va en augmentant et c’est un très bon produit. On doit s’assurer que chaque partie du produit se développe au même rythme. On doit développer chaque partie du sport pour que l’on continue à offrir le meilleur produit. »