On me disait qu’«elle disait»
À chaque fois que j’entends cette chanson, je me rappelle bordj et la personne qui n’arrêtait pas de me la fredonner. C'est vrai qu'il y avait du vrai dans ce qu'elle disait :
Elle disait : J'ai déjà trop marché Mon coeur est trop lourd de secrets , trop lourd de peines
Elle disait : Je ne continue plus Ce qui m'attend je l'ai deja vécu C'est plus la peine
Elle disait : Que vivre était cruel Elle ne croyait plus au soleil ni au silence des églises Même mes sourires lui faisaient peur
C'était l'hiver dans le fond de son coeur.
Elle disait : Le vent n'a jamais été plus froid , la pluie plus violente que ce soir là Le soir de ses 20ans
Le jour où elle a éteint le feu Derrière la facade de ses yeux Dans un éclair blanc
Elle disait : Elle a surement rejoint le ciel Elle brille a coté du soleil Commme les nouvelles églises Mais si depuis ce soir là je pleure
C'est qu'il fait froid dans le fond de mon coeur.
Si c'était à moi qu'il faisait allusion, il s'est trompé de cible car je la fredonne différemment, avec un autre regard et avec un esprit plus ouvert puisque je disais:
« On m'a trop fait marché, je suis fatigué et épuisé par tous ces chemins sans issues, j'en ai marre, je ne vais plus continuer. À quoi ça sert puisque je suis en train de vivre exactement ce que j'ai vécu à Bordj. C'est plus la peine d'espérer quoi que ce soit. C'est du noir sur jaune, il y a très peu d'espoir.»
« Tout ce qui est en train de m'arriver est cruel, c'est une véritable sous_France. De ma vie, je n'ai jamis vu de vents aussi froids ou des pluies aussi violentes que depuis ce 20 aout 2008, jour de notre arrivée, le jour où une sournoise algérienne nous avait accueillis pour mettre le feu entre nous, en complotant derrière mon dos. Depuis ce jour, je n'ai plus revu le soleil.»
«Si le printemps a quitté mon coeur c'est parce que des mains froides et algériennes m'ont injecté le froid et depuis, l'hiver n'a jamais quitté le fond de mon coeur. Heureusement qu'il y avait des mains chaleureuses qui m'avaient réchauffé le coeur et ramené leur soleil celui qui brille pour tout le monde. Je n'avais pas à remuer ciel et terre pour l'atteindre. Le ciel est clair et les nuages n'empêchent pas le soleil de rechauffer nos corps. Ce n'est pas le froid qui tue mais ce sont les mains froides qui font geler avec leur hypothermie.»
«Si elle a peur de mes sourires et qu'elle ne croit plus à mon soleil, c'est parce qu'on lui a teinté un autre tableau, on lui a fait tinter un autre son de cloche, celui de mes églises.» Je préfère m'arrêter là car si je vais continuer, je ne vais plus terminer et je n'ai pas envie de verser des larmes de froid, à cause de froid. Mon coeur est lourd, plein de secrets du passé, pas la peine de me faire de la peine en ouvrant la blessure. Il vaut mieux laisser le puit avec son couvercle, «Khali elbir bightah»
Je me suis aussi rappelé le correspondant du Soir d'Algérie qui m'insinuait que Francis Cabrel était un canadien. Tout était calculé, préparé minutieusement depuis belle lurette.
Si j'ai développé un autre regard c'est parce qu'il y a trop de paradoxes et c'est ce que j'ai voulu transmettre dans le livre blanc 2012, J'ai trouvé la chaleur humaine chez les montréalais et la froideur chez des algériens qui sont tombés de je ne sais où pour me faire ... chuter. C'est pour cela j'avais pris mes distances et j'ai été aidé dans cette tâche par celui qui a donné l'ordre à la communauté algérienne de m'exclure. Tant mieux! Ainsi, je n'aurrais plus à me gratter la tête.
Si j'ai développé un autre esprit et une autre mentalité, c'est pour ne pas prendre le chemin qu'«On» m'imposait, c'est pour ne pas écouter «leurs» voix et pour ne pas suivre «leurs» voies et c'est aussi pour être sourd aux conseils qu'on me dictait, J'ai refusé leurs cris de guerre.
J'ai pu mettre en valeur mes qualités qui étaient cachées, j'ai pu exploiter toutes mes valeurs, j'ai pu développer ma personnalité et ce sont tous ces acquis qui m'ont permis d'adopter un autre comportement pour réussir. J'ai pu m'adapter au mode de vie de la société et survivre.
C'est grâce à tous ces changements que j'ai pu m'épanouir, cela m'a sauvé puisque je ne ressemblais pas du tout au «diable» qui était le personnage principal du roman noir. Encore un autre paradoxe, plus on me diabolisait et plus je devenais angélique. Plus «On» me fermait les yeux et plus je devenais intuitif. Plus «On» essayait de me dévaloriser et plus je prenais de l'importance aux yeux de la société. Plus «On» essayait de m'humilier et plus je prenais du poids car je ne flanchais pas.
Qui sont ces «On»? Tout simplement, ceux qui ont quitté Bordj pour me suivre ici. Ils avaient subi un échec à cause de tout le travail malsain qu'ils avaient effectué à Bordj et à cause de toute la boue qu'ils avaient déversée pour me trainer et me salir et qui a éclaoussé tout Bordj. Cette défaite ne leur a pas suffit, ils ont eu l'audace et le courage de récidiver pour rééditer leurs bêtises,et en plus à Montréal! Quel culot! C'est de la folie, ce qui est en train de leur arriver est tout à fait logique. En arrivant à Montréal, je ne connaissais personne. Après cinq années passées dans cette ville, je n'ai aucun ennemi, j'ai pu me faire des amis et même une nouvelle famille. Je suis heureux, l'heureux doc, celui qui par ses douloureuses contractions a mis au monde deux petits printaniers. Son utérus cérébral n'est pas resté stérile, il est toujours fonctionnel et mieux encore, il s'est développé puisque ce dernier petit est né pour durer. Il est bien protégé par la société.
Avant d'aborder un autre chapitre qui sera développé dans un autre cadre, j'aimerais terminer pour libérer mon coeur d'une épine contenant des propos blessants d'une certaine personne qui, juste avant mon départ, était venue me voir pour m'affirmer et me confirmer qu'elle était l'instigatrice de tout ce qui m'on m'avait fait subir, qu'elle était la responsable de mes échecs à Bordj. Elle était toute fière d'avoir sauvé Bordj d'un dangereux criminel. Comme si Bordj ou El Anasser avaient besoin d'une personne qui a fui son patelin et l'a échangé contre une vie meilleure à Club des Pins et à partir de là, toute puissante, elle use de son nouveau pouvoir pour s'accaparer un terrain contenant une source inépuisable d'eau. Ce terrain porte aujourd'hui la mémoire d'une date historique, celle du 20 aout, date où pour la première fois j'ai foulé les rues de Montréal. Mon combat n'a pas été vain, j'ai été agressé physiquement, violenté et battu à deux reprises mais je ne regrette pas mon geste. Je suis fier d'avoir été ce petit bordjien qui s'est sacrifié pour donner une bonne image de son pays.
L'Algérie n'a pas besoin de ces gens-là, elle n'a pas besoin de vampires. Elle a besoin d'un sang neuf, laissez la tranquille!
Les printemps du petit bordjien
